BERGERIE DE BERDINE, le 5 décembre 2006

Chers amis,

Je vous suppose impatients de savoir ce qu’il est advenu de notre projet de chauffage, ce grand projet qui me causait tant de soucis et dont je vous entretenais lors de la dernière lettre… du 17 décembre 2005 ! Et bien, avant toute chose, j’ai le plaisir de vous annoncer que depuis le 4 octobre, fête de Berdine, anniversaire des 20 ans de notre chapelle et inauguration de la chaufferie, la chapelle, cinquante chambres, les bureaux, la cuisine et le réfectoire sont alimentés par le réseau de chaleur issue de la chaudière à plaquettes KOB Pyrot 300 KW et les douches communautaires par 30 m2 de panneaux solaires relayés par la chaudière en cas de besoin.

Ce chantier d’un coût actuel de 300 000 euros H.T. financé à 80 % par l’ADEME, le Conseil Régional et les Fonds Européens a duré 6 mois et je considère encore comme miraculeux le fait que nous ayons pu en venir à bout aussi bien sur le plan pratique que financier. Il faut dire que tous les intervenants ont eu à cœur de mettre à notre service le meilleur de leurs compétences. Évidemment, nous avons eu quelques trois mois relativement pénibles avec nos rues trouées de tranchées de 90 centimètres de profondeur, en vue d’enterrer les 300 mètres de canalisations acheminant la douce chaleur aux quatre coins du village. Mais à ce jour, rues et places ont un meilleur aspect qu’auparavant, car bien sûr nous en avons profité pour aménager les abords avec l’aide de la municipalité de St Martin qui nous a offert quatre gros camions de tout-venant. Toutefois, le programme n’est pas totalement terminé, il reste à connecter certains écarts dans le courant de l’année 2007, la salle de sport, le vestiaire, la salle de couture, la salle de télévision fumeurs, la maison destinée à l’accueil des familles, la buanderie en eau chaude et la maison Ste Agnès pour y supprimer la chaudière fuel.

Cette réalisation s’inscrit dans notre volonté, d’une part de nous intégrer au réseau de développement de la filière Bois-Énergie animé par le Parc Régional du Lubéron (dans le cadre de notre activité forestière, nous abattons dans un rayon de 30 à 40 km maximum des résineux qui seront transformés en plaquettes sur une plateforme conçue à cet effet sur la commune de Viens distante de 4 km de Berdine, plaquettes alimentant plusieurs chaufferies situées dans un rayon de 20 km), d’autre part de participer, à notre tout petit niveau à la sauvegarde de notre pauvre couche d’ozone en réduisant l’émission de gaz à effet de serre (minimum de rejet toxiques de la chaudière au rendement optimum, minimum de transport de la matière première aussi bien que des plaquettes).

Comment avons-nous réussi à gérer une telle dépense sans mettre en péril notre situation financière ? Une partie des financements a été versée en début de chantier, un grand ami nous a prêté une somme importante à un moment critique, les entreprises nous ont accordé des délais de paiements, les revenus de notre travail ont augmenté et la communauté a mis un point d’honneur à réguler ses dépenses de fonctionnement dans tous les secteurs d’activité : à la suite d’un diagnostic de maîtrise de la demande en électricité effectué par le Geres (groupe énergies renouvelables et environnement), notre électricien s’est attelé à faire la chasse à toute consommation superflue et à la surveillance du réseau, notre mécanicien a fait toutes les réparations possibles compte tenu des possibilités de l’atelier, nos jardiniers ont géré au mieux les différents besoins, les forestiers ont donné le meilleur d’eux-mêmes et les vendeurs de bois, fromages et légumes se sont surpassés. Tous ces facteurs réunis nous ont permis d’assumer la dépense d’investissement la plus importante de notre histoire vieille de 33 ans et ce dans un délai de 8 mois. Je dois avouer que j’en ai une petite satisfaction et une certaine fierté.

Il est vrai aussi que je voulais garder la possibilité de faire appel à votre aide pour un autre projet qui me tient à cœur.

J’y viendrai, ne vous impatientez pas… mais auparavant quelques nouvelles. L’arbre si imposant décrit ci-dessus ne doit pas nous cacher le bruissement ininterrompu de la forêt berdinoise….

Donc, vous l’avez compris, l’exploitation forestière a continué son activité avec une belle allure après les déboires de 2005. Nous avons obtenu l’exploitation d’un massif de chênes à quelques kilomètres de chez nous, ce qui nous donnera du travail pendant une bonne dizaine d’années en alternance avec l’exploitation de hêtres à plus haute altitude. Toutes les équipes qui gèrent l’activité bois, de la coupe jusqu’à la vente, sans oublier les travaux d’entretien des sources et des sous-bois, font un travail remarquable grâce à des responsables bien motivés. Un berdinois vient de passer avec succès le permis poids lourd, c’est un soulagement et un très bon point pour lui en vue de sa réinsertion lorsqu’il se sentira prêt à voler de ses propres ailes. L’activité maraîchage s’est très bien tenue, gérant au mieux l’arrosage au goutte à goutte durant une saison d’été pourtant bien sèche. Nos abeilles elles aussi se sont bien comportées malgré la sécheresse, de même que notre troupeau de chèvres toujours fières et généreuses, mais je ne veux plus vous parler des moutons qui ont traversé une bien mauvaise année, c’est leur destin… Par contre le secteur maçonnerie a retrouvé un regain d’énergie avec l’aménagement d’un atelier de poterie dans un ancien hangar et diverses améliorations environnementales relatives à l’installation du nouveau chauffage. Dans le cadre des différentes activités et pour améliorer nos conditions de travail, nous allons construire un hangar agricole de 300 m2 où nous organiserons différents ateliers, mécanique, forge, électricité, plomberie, ce qui nous permettra de libérer des bâtiments existants pour l’entrepôt des literies, meubles et autres accessoires et une salle d’exposition et vente de nos artisanats.

Tout au long de l’année 2006, la moyenne d’occupation s’est maintenue de 75 à 80 personnes. Nous sommes au maximum d’occupation, obligés de refuser des demandes d’accueil chaque jour, et pourtant il y a un peu moins de nouveaux arrivants qu’en 2005 qui en voyait le nombre diminuer par rapport à 2004 ! L’analyse de cette situation est terriblement évidente et conforte la vision de 2005, à savoir que les personnes partent moins facilement du fait du contexte économique et social difficile d’une part, d’autre part nombreux sont ceux dont l’état de santé est fragile, santé physique comme santé mentale, ce dernier point devenant un grave souci dans notre système de fonctionnement. Une centaine d’arrivées donc et autant de départs dont ceux de trois familles, l’une algérienne de 4 enfants régularisée en juillet après une attente de 3 ans à Berdine, l’autre de 2 enfants à Berdine depuis 4 ans et un couple arrivé il y a 2 ans. Toutes trois sont réinsérées dans le monde du travail sur Carpentras, Avignon et Cavaillon. Nous en avons de bonnes nouvelles et certains seront avec nous pour les fêtes.

Oui, notre souci majeur est l’accompagnement des personnes malades. Sabine, l’une des 2 secrétaires, Alain le chauffeur, Marie-Andrée, Jean-Michel, consacrent les 3/4 de leur temps à la gestion des problèmes de santé des personnes vivant à Berdine, calendrier des rendez-vous, prises en charge et voiturage vers les différents hôpitaux, spécialistes, radiologies, laboratoires, dentiste, ophtalmo, distribution quotidienne de médicaments, bobologie chronique et bien sûr, Jean-Pierre, chaque soir et le Week-end pour les consultations.

Notre souci et notre souffrance. Aujourd’hui, deux anciens sont traités par chimiothérapie et bien d’autres souffrent de diverses pathologies qui nécessitent un suivi médical constant. Et puis, nous avons accompagné notre « petit Jean-Mimi » qui vivait avec nous depuis 6 ans et s’est éteint à l’hôpital d’Apt dans la nuit du 1er septembre des suites d’un cancer du poumon réfractaire à tout traitement. Pendant près d’un mois, nous ne l’avons jamais laissé seul, nous relayant nuit et jour à son chevet, j’étais près de lui pour recueillir son dernier souffle. Il n’a pas atteint ses 50 ans qu’il aurait dû fêter quelques jours plus tard.

C’est ainsi que j’en viens à vous parler de la petite structure d’une quinzaine de chambres (équipée chacune du confort sanitaire) qu’il nous faudra construire à l’horizon 2008. En effet, la maison Ste Agnès édifiée en 1993 pour l’hébergement des malades est constamment occupée et ne suffit plus. L’infrastructure de l’ensemble du bâti existant ne permet pas les améliorations nécessaires à l’hébergement de personnes aux problèmes de santé plus ou moins graves et des personnes qui vieillissent que nous souhaitons maintenir dans leur lieu de vie le plus longtemps possible. Des financements pour cette construction seront difficiles à obtenir, même si notre but étant de bâtir en matériaux exclusivement écologiques, nous pouvons espérer bénéficier d’aides spécifiques concernant le mode de chauffage ou l’isolation.

Comme je l’avais fait il y a quatorze ans déjà (!), je vous lance un appel à l’aide afin que vous nous permettiez d’apporter un peu de bonheur supplémentaire à ceux qui en ont été tant dépourvu. Je sais bien que vous êtes sollicités de toute part, mais reconnaissez que Berdine se comporte de façon autonome en général. Et si j’en viens à cette extrémité, c’est que sans votre participation, je sais que nous ne parviendrons pas à mener à bien ce projet.

Je voudrais aussi vous confier mon voyage dans le nordeste du Brésil, la première quinzaine de janvier où je vais, avec Jean-Pierre, retrouver Colette dont la santé donne quelques soucis. Aussi, ne m’en veuillez pas si je ne prolonge pas cette lettre d’une note plus personnelle, c’est le temps qui me manque. Mais l’assurance de mon affection ne vous fait pas défaut, soyez en certains tout comme la prière de la communauté de Berdine afin que chacun puise dans le message de Noël l’énergie pour rester confiant en un avenir où les mots Paix, Justice, Amour pourront enfin se concrétiser dans notre quotidien comme dans le monde.

Josiane SAINTPIERRE

3 réponses
  1. GHEERAERT dit :

    Bonsoir,
    Merçi de transmettre tous mes voeux à mon frère Philippe GHEERAERT arrivé chez vous le 14 Octobre dernier grace à Francis GODEFROY à qui je souhaite aussi une bonne année et une bonne santé (surtout pour son dos); mon salut aussi à Alain JEGU (de La Bassée) ainsi qu’au « poteau » de Françis.
    Bonne continuation et bravo à vous.
    Cordialement,
    Jean-Pierre GHEERAERT
    06 76 72 39 50

  2. thomine sandra dit :

    Bonjour Madame,
    Je suis la fille de Maurice THOMINE.Nous nous sommes rencontrer plusieurs fois.Je tenai par ce message à encore une fois vous remerciez pour ce que vous avez fais pour mon père.Je pense encore à lui et regrette toujours de n’avoir pas pu le connaitre plutôt.Depuis le 21 décembre, mon Bébé agé seulement de 3 semaines a rejoint Son papy au pays des Anges.Je sais que vous êtes en contacte avec ma mère…Je souhaite aussi par cette missive envoyé tout mes encouragements aux personnes en difficulté comme a été mon père.
    A très bientôt.

  3. rodriguez louise dit :

    josiane un gros bisou parce que tout ce que tu fais c est bien je t’ai eu au téléphonne très heureuse de t entendre tu es une merveilleuse femme telle que ma maman et la ste vierge merci de t occuper des personnes en diffilcutés, torturés ou autre dans ce monde etc.. je souhaite de tout coeur que dieu et la ste vierge et nous tous ses dissiples feront de ton juste prénom josiane un mosolet avec un énorme coeur car tu es telllement , les mots ne suffisent pas « je taime » voila tu mas donné une raison de continuer de vivre dans ce vaste monde et je t ‘en remercie de tout coeur, si un jour venait j aimerai te revoir ainsi que berdine, jean-pierre et les berdinois(es)ma vie a un sens maintenant c’est que dieu m aime et d’avoir trouvée ton chemin berdine merci josiane bisous de nous francine,amandine, marie-claire,thérèsa et mes petites filles melissa et julie de ma part louise et michel légion qui etait parti rejoindre notre seigneur amen juste un allélouia pour toi josiane tu es tellement unique encore merci louise.

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